SERIE TV : Maitresse d'un homme marié du point vue des camerounaises

SERIE TV : Maitresse d'un homme marié du point vue des camerounaises

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SERIE TV : Maitresse d'un homme marié du point vue des camerounaises


La série « Maitresse d’un homme marié » restera très certainement comme l’un des succès les plus marquants de cette année 2019 sur le continent. La série sénégalaise diffusée sur 2STV et You tube aura séduit plus d’un et traversé les frontières devenant en un laps de temps une des séries les plus prisées par les internautes camerounais ou plus exactement camerounaises. La fanbase de la série étant constituée principalement de la gente féminine. Pour comprendre les raisons, les secrets et les contours d’un tel succès auprès des internautes camerounaises, nous avons donné la parole à cinq d’entre elles que nous avons expressément choisi d’appeler par leurs prénoms. Elles reviennent sans langue de bois sur ce qui fait le succès de la série au-delà des frontières sénégalaises, sur la polémique et les débats qui animent les médias sénégalais sur les sujets abordés par la série ou encore la mise en avant des valeurs et richesses culturelles qui d’après elles devraient inspirer les réalisateurs camerounais. Il est tout de même important de préciser que ces internautes sont présentes et actives principalement sur Twitter et Instagram, réseaux par lequel elles ont pour la plupart entendu parler de la série. Car MDHM reste avouons le très peu connue du grand public camerounais. La chaine sénégalaise 2STV sur laquelle elle est diffusée ayant une très faible audience au Cameroun. Il n’en demeure pas moins que les quelques camerounais qui la regardent essentiellement sur Youtube en sont tombés littéralement amoureux et comptent aujourd’hui parmi les fans des Marème, Raky et autres Dialika.

Les raisons d’un succès sans précédent

Avec les succès il y’a quelques années des feuilletons tels que « Ma Famille » ou encore « Les Bobodioufs », il n’est donc pas nouveau qu’une série venue d’Afrique de l’ouest ou d’un autre pays d’Afrique subsaharienne connaisse du succès auprès du public camerounais. Ce qui est nouveau et semble surprendre certains observateurs est que celle-ci soit une série sénégalaise. Même s’il ne fait aucun doute quant au talent des acteurs, réalisateurs et cinéastes sénégalais, il serait de mémoire difficile de faire ressortir une série venue du pays de la Téranga qui aura autant séduit le public camerounais. Les camerounaises que nous avons rencontré nous livre chacune les secrets et les raisons qui d’après elles contribuent au succès de la série et ce malgré que celle-ci soit à l’origine diffusée en langue Wolof.


« Selon moi le succès de la série vient tout d’abord du titre. Ça parait choquant et au Cameroun on aime les choses qui choquent et qui peuvent créer la controverse et la polémique. On aime les histoires et les ragots qui y sont liés. Pour la langue, je ne vais pas parler pour les autres mais personnellement je n’y vois pas autre chose que de l’apprentissage ». Lidie

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« S’agissant du wolof, la langue n’est je ne pense jamais une barrière quand de prime abord l’image est bien travaillée. C’est le cas avec cette série. On a en termes de production visuelle un show de qualité. Ensuite il y’a pour moi un sentiment d’appartenance. Le fait que ce soit des personnes qui nous ressemblent et qui vivent les mêmes situations que nous jouent aussi pour beaucoup. Du coup avec les sous titres la barrière de la langue est vite dissipée. Le jeu d’acteurs quant à lui est aussi de très bonne facture. Quant à l’histoire, elle a le mérite d’exposer nos réalités et surtout soulève des sujets de société. En fait MDHM a tous les ingrédients pour être internationale et parler à toute l’Afrique ». Elise. A

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« Ce qui selon moi justifie le succès de la série c’est principalement parce que les personnages sont attachants. Je suis prête à parier qu’au minimum 70% des personnes qui regardent assidûment la série sont des femmes. Une série avec cinq femmes en personnages principaux qui raconte leurs quotidiens respectifs, sur les plans personnels et professionnels ne peut que cartonner ». Pamela Catherine 

La polémique autour des sujets abordés par la série :

Au Sénégal, la série divise et est au cœur de la polémique et des débats télévisés. Elle est taxée par certains observateurs d’une série qui fait la promotion de l’adultère et de la fornication. Dans un pays à majorité musulman et croyant, de nombreux responsables et organisations islamiques à l’image de l’ONG Jamra qui a porté plainte contre la série auprès du Conseil National de régulation de l’audiovisuel pour que celui-ci ordonne l’arrêt de la diffusion de la série. Mais les responsables de la série voient la chose sous un tout autre angle. Pour eux, la série représente pleinement la société sénégalaise et met en lumière les réalités parfois cachées des femmes sénégalaises. Un avis que partagent à l’unanimité nos cinq internautes. Pour elles, non seulement le débat n’a pas lieu d’être mais la série développent bien d’autres sujets que ceux cités plus haut et promeut d’autres valeurs chères à la femme africaine.

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« Comme on dit chez nous : AKA ! Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les gens n’ont pas attendu la série pour pratiquer l’adultère ou la fornication. C’est même souvent ceux qui s’indignent le plus qui en sont les plus grands adeptes. Par ailleurs, Ca soulève bien d’autres sujets dits tabous en Afrique, par exemple : aller voir un psychologue pour apaiser ses luttes intérieures, le viol de gamines et le fait que la famille puisse vouloir étouffer l’affaire pour ne pas entacher sa réputation ; le mal être que peuvent éprouver les femmes dites rondes sur le marché de la séduction ;la peur de demander le divorce pour une femme et le regard que peut avoir la société sur une femme divorcée ;les hommes d’un certain âge profitant de leur statut social pour draguer des jeunes filles qui pourraient être leurs enfants. Par ailleurs, la série prône aussi l’indépendance financière de la femme. A part le placement de produits qui gâche quelque peu l’expérience je trouve que MDHM aborde pas mal de sujets dont on n’ose pas parler dans nos sociétés africaines et c’est rafraichissant ». Elise A.

« Il est vrai qu’on a l’impression que l’adultère est normal mais c’est apparemment un des relais de la polygamie. Ce n’est pas une pratique à encourager. La série met en évidence les valeurs telles que le partage, le respect des traditions et surtout la promotion de la langue locale » Lisette K.

« A mon avis il n’y a rien qui irait à l’encontre du respect des mœurs et des vertus dans cette série. Rien de plus que dans les autres. Je pense que ce qui dérange au Sénégal c’est la manière très subtile mais ferme dont les problématiques sociétales de leur environnement y sont dénoncées. On parle de polygamie, on y met an avant pour la première fois le point de vue des épouses. On parle de violences sexuelles et même des abus dont sont victimes les femmes dans leurs foyers, du traumatisme des enfants dans les foyers polygamiques, de comment les femmes peuvent refaire leurs vies après des unions défaites, comment une femme peut prendre soin financièrement de son conjoint etc. Bref, on met la femme à l’honneur et pour une société comme la leur ça dérange » Lidie.

« Je ne comprends même pas qu’on parle de sexe mis en avant dans cette série. Il a dû y avoir en plus de 40 épisodes, au maximum trois scènes de sexe. Donc ça n’a pas de sens pour moi. Après l’adultère est présent dans la série évidemment, le titre en dit long mais une fois de plus c’est pire que quoi !? Et surtout, ce n’est pas quelque chose qu’on découvre. Pour une fois que ce n’est pas traité du point de vue des hommes ça pose problème à la société. Pour une fois que l’homme est montré comme ce qu’il peut être : méchant et stupide à la fois. Par ailleurs effectivement la série ce n’est pas que ça. C’est aussi et surtout beaucoup de l’affirmation de la femme en tant que femme et pas seulement mère ou épouse. La femme qui veut être indépendante, la femme qui fait et assume ses choix, la femme africaine qui assume son africanité, la femme noire fière de ce qu’elle est et consciente de sa valeur. Au final c’est plus ça qui attire dans la série qu’autre chose » Pamela Catherine.

« La polémique autour de la série est de la pure hypocrisie. Ils ne font rien d’autre que mettre à jour les pratiques quotidiennes » Danièle Nono.

Quels sont les personnages les plus marquants de la série ?

« Honnêtement chacune des femmes mises en avant me marque positivement. Même celles comme Marème et Amsa qui n’ont pas de beaux rôles. Dialika est sans doute ma préférée. Au début elle était un peu trop passive à mon goût mais je me retrouve beaucoup plus en elle qu’en Lala par exemple dont je respecte le profil de personnage ou qu’en Racky ou Marème » Lidie.

« Lala est une femme dévouée et indépendante pleine de charme et de valeurs. Dialika elle est une femme courageuse. Elle a accepté de mettre fin à son mariage pour son bien à elle et celui de ses enfants. Mère célibataire pleine de valeurs et de principes. Ce sont pour moi les deux seuls » Lisette K.

De quoi pourraient s’inspirer les réalisateurs camerounais ?

« Etre authentique sans tomber dans l’exagération des accents ou des idées reçues. Avoir des acteurs compétents et valoriser la culture camerounaise. Dans MDHM on voit rarement les acteurs habillés de façon occidentale. Ils mettent à contribution le savoir-faire local pour travailler l’authenticité de la culture sénégalaise » Danièle Nono.

« La promotion de la langue et de la culture. Après les intrigues sont les mêmes juste le jeu d’acteurs qui est tellement plus intéressant. S’agissant de la promotion de la langue et de la culture, c’est bien possible dans un pays comme le nôtre ce malgré le fait que nous comptons plusieurs langues locales. Cette diversité rend cela plus intéressant, ça nous permettra même d’être plus curieux. Curieux de découvrir des mots d’une autre langue » Lisette K.


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