S'interroger sur ce qu'est devenu le Bikutsi en 2019 sans toutefois revenir sur ses fondements et ses origines c'est comme conseiller en couple en pleine dispute sans toutefois connaître les causes de la dispute alors revenons sur l'historique.
Bikutsi ou "Bia Kut Si" en français simple "Nous frappons le sol" à l'origine était une danse traditionnelle initialement exécuter par les femmes de l'ethnie Beti qu'on retrouve au Cameroun dans les régions du centre, du sud et dans une certaine mesure de l'est. C'est ainsi que des berges du Nyong aux profondeurs des forêts de Dimako en passant par les terres fertiles de Nkoteng le Bikutsi raisonnait déjà grâce à nos dames. Tel un exutoire, cette danse permettait aux femmes de pouvoir s'exprimer et évacuer leurs peines, malheurs, déceptions mais également leurs joies car n'ayant pas le droit à la parole dans cette société patriarcale et machiste. Ces femmes se réunissait alors après leurs travaux champêtres et leurs tâches ménagères autour d'un cercle et chacune à son tour avec les acclamations des autres exécutaient des pas de danse tout en tapant les pieds au sol. Un moment d'évasion et une vraisemblable thérapie pour ces femmes parfois frustrées dans leurs quotidiens.
Dans les années 70, le Bikutsi connaît une révolution sans pareil. De la simple danse traditionnelle féminine, on assiste à une réappropriation par les hommes et surtout à la transformation à un rythme à part entier. Avec la mondialisation, les cultures qui s'entremêlent la révolution était inévitable. C'est ainsi que nous connaîtrons des précurseurs de ce nouveau rythme qui allie le traditionel (balafon, Mvet) au moderne (guitare électrique basse et solo) à l'instar de Messi Martin, Fame Ndzengue ou Ange Ebogo. Mais c'est avec le groupe les " Têtes Brûlées " que le Bikutsi atteint son apogée avec à leur tête le mythique et légendaire "Zanzibar". Ils sont parvenus à amener le bikutsi sur les plus grandes scènes du monde entier avec leurs mélodies entrainantes et rythmées. Après cette épopée glorieuse, plusieurs autres artistes ont suivi le pas notamment Tino Barozza qui a d'ailleurs donner son nom à celle qu'on appelle populairement la femme du peuple K-TINO (Catherine de Tino), Messi Ambroise, Racine Sagath etc.
De 1980 au années 2000, le Bikutsi plus qu'auparavant s'ouvre au monde et se mélange aux sonorités d'ailleurs avec des artistes tels que Marcellin Ottou et Sally Nyollo qui arrivent à faire des melting-pot avec des musiques et langues étrangères. Une évolution qui nous rapporte plusieurs reconnaissances à travers le monde a l'instar du prix RFI remporter par Ottou Marcelin en 1982 ou Sally Nyollo qui grâce à la chanson "Tam Tam" est parvenue à conquérir les plus grandes scènes de festivals du monde.
Aujourd'hui au-delà d'être juste un rythme le bikutsi peut être considéré comme un genre musical car nous retrouvons à ce jour plusieurs variantes notamment ;
- L'Afro-Bikutsi qui est une mixture avec des rythmes africains (Rumba, Ndombo, coupé décalé). Une chanson récente et illustrative de cette variante est "Coupé Bikutsi" de Claire Bahi featuring Mani Bella ou même le single "Devine" de la diva Lady ponce.
- Bikutsi - World qui allie Bikutsi et genres musicaux d'ailleurs (jazz, Soul, reggae). Dans ce registre, plus que des chansons nous retrouvons des artistes qui en ont fait leurs rythmes de prédilection. Sanzy Viany, Sally Nyollo, Ottou Marcelin, Frédérique Ottou, Taty Eyong, Lornoar sont des exemples. Il est à noter que c'est cette variante qui séduit beaucoup plus le monde.
Autres variantes nous avons le "Bikut-skin" qui est composé avec le bendskin de l'ouest ex. Coco Argentée featuring Talla André Marie, le "Bikut- street" un peu plus jeune et très apprécié par la nouvelle génération avec des artistes précurseurs tels Espo 2 Benz, Josty et les plus jeunes "crazy mix", petit Malo etc.
Néanmoins malgré ces variantes, le Bikutsi reste toujours reconnaissable même à la première écoute et grâce également aux artistes qui maintiennent ça en vie et original notamment Lady ponce, Coco Argentée, Mani Bella, K-TINO entre autres. En 2019, les artistes qui font dans ce genre sont légion mais rare sont ceux qui réussissent à tirer leurs épingles du jeu. Les raisons ;
- Faible qualités des artistes (messages et textes, vidéogramme, voix etc.)
- Manque de moyens financiers (promotions)
- Désintéressement de la nouvelle génération.
- Présence écrasantes des musiques étrangers
Le constat est donc clair, en 2019 le Bikutsi peine à relever le défi face à la concurrence toujours plus armée et "dévastatrice".
Je suis Loïc ABONDO Aka the Great Albi. Actuellement, étudiant en communication des organisations cycle licence professionnelle à l’École Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication ( ESSTIC ). Je suis passionné d’écriture, de photographie et de culture. Au sein du magazine, j’interviens surtout dans les domaines musical et culturel.
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