ABUS SEXUEL, DES VICTIMES TEMOIGNENT

ABUS SEXUEL, DES VICTIMES TEMOIGNENT

ABUS SEXUEL, DES VICTIMES TEMOIGNENT

ABUS SEXUEL, DES VICTIMES TEMOIGNENT


Selon ONU Femmes, dans le monde on estime que 736 millions de femmes – soit près d’une sur trois – ont subi au moins une fois des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime et/ou des violences sexuelles de la part d’une personne (30% des femmes de plus de 15 ans). Des chiffres alarmants qui prouvent que les victimes de violences sexuelles ne sont en réalité pas aussi loin de nous qu’on aimerait le croire.

Parler de son traumatisme n’est pas une tâche aisée, le silence est rarement rompu. Ce silence elles l’ont brisé en nous contant leur histoire, Anaïs, Gabrielle et Julie (noms d’emprunt) racontent sans filtre leur descente en enfer.


Disclaimer : les histoires ci-dessous peuvent heurter ou choquer la sensibilité du lecteur.

  « Je n’étais qu’une petite fille innocente » - Anaïs

A chaque fois que je repense à ce que j’ai vécu je me sens si sale. J’avais à peine dix ans quand ça s’est produit. Mes parents avaient l’habitude de voyager et je dormais toujours avec mes frères… le plus âgé (cinq ans d’écart) s’amusait à me molester… ça a duré jusqu’à mes 13 ans. C’est à travers des jeux, qu’il profitait pour me toucher la poitrine, les fesses et même le sexe. Il était très malin, moi je n’étais qu’une petite fille innocente, je pensais que c’était normal. Quand j’ai eu ma poussée de seins et commencé à avoir mes règles, il est devenu plus entreprenant, il profitait de l’absence des parents pour se glisser dans mon lit, se coller à moi et se masturber, son souffle sur mon cou, il me glissait souvent des mots « tu es ma petite sœur chérie » et me demandait de le laisser me faire des bisous. Il a essayé de me la mettre une fois par voie anale, mais n’était pas allé jusqu’au bout car les parents étaient rentrés plus tôt que prévu. S’il n’est pas allé plus loin, c’est parce qu’après cette expérience je ne le laissais plus s’approcher de moi. Je trouvais des excuses pour dormir avec mes parents, quand ils étaient absents j’allais rester chez ma tante et s’il essayait même de me toucher je criais très fort. C’est ainsi qu’il avait cessé de m’approcher. Aujourd’hui, j’ai 20 ans et je n’ai toujours pas réussi à surmonter ce traumatisme qui me freine tant dans ma vie amoureuse que dans ma relation avec autrui.

Harcelée par mon professeur d’informatique - Gabrielle

J’étais en plein milieu de ma dernière année au collège. A l’époque je venais d’avoir 16 ans, j’avais une camarade de classe avec laquelle j’étais très proche et ensemble on a vécu l’un de mes pires traumatismes. Il y avait ce prof d’informatique, le genre d’homme prétentieux qui se croit au-dessus de tout le monde. Au départ sa cible était ma camarade, elle m’avait confié qu’il lui faisait des avances et qu’elle était mal à l’aise avec ses propos ; « j’aime la manière dont ta tenue met en valeur tes formes, ça m’excite ».  Des semaines plus tard, lors de ses cours, j’ai commencé à sentir que j’étais observée, son regard sur moi n’était pas sain ; il fixait clairement mes seins tout en se mordant la lèvre inférieure, je me rappelle encore de cette sensation de malaise. Ses heures de cours tombaient souvent après celles dédiées aux activités physiques. Sous les coups de la chaleur je me souviens qu’un jour en salle de machine j’avais oublié de boutonner ma chemise, il en a profité pour glisser ses mains dans mon décolleté, il m’a pressé les seins en me chuchotant à l’oreille « ils ont l’air très appétissant…je te prendrai bien volontiers sur la table » j’ai eu tellement peur que j’en suis restée paralysée. Ses allusions et ses attouchements ont été de plus en plus fréquents, je n’ai pas osé en parler, je me contentais de l’éviter au maximum. Sauf que je ne pouvais pas me permettre de manquer ses cours et c’est là que je me retrouvais prise au piège. Je n’oublierai jamais ce jour où il m’a retenue à la fin des cours à cause d’un soi-disant exercice que je n’avais pas bien fait. J’ai essayé de m’échapper mais il m’a menacé, qu’il ferait en sorte que je sois renvoyée de l’établissement, car il avait un poste haut placé au sein de l’administration de l’établissement. Je me suis exécutée je suis restée en salle, comme un robot sous ses ordres. Il m’a interdit de mettre le nez dehors et est parti acheter des préservatifs - il me l’avait bien fait comprendre. J’ai essayé de retenir mes larmes, de garder mon calme et de réfléchir à une solution… C’est un enfant de sixième envoyé comme messager qui m’a apporté une note de ce diablotin « je t’attends dans l’hôtel X, chambre XX, situé en bas de l’établissement » comme en trans, j’ai ramassé mes affaires et accouru au bureau du surveillant général - mon oncle, je lui ai demandé d’appeler ma mère que je faisais un malaise, et que je ne pourrais pas rentrer par moi-même. Simuler un malaise était alors ma seule échappatoire à cet instant. J’ai fait deux semaines sans aller en cours, mon séjour loin de l’établissement s’est rallongé à mon grand plaisir grâce à l’arrivée de la pandémie. Quand fut arrivé le moment de la reprise, j’ai été rassurée que le cours n’était plus dans la programmation.

Mon patron, mon cauchemar - Julie

Je travaille actuellement dans une agence en tant qu’assistante. En gros je suis un peu l’ombre de mon patron. Je gère son agenda, ses rendez-vous, bref je suis sa secrétaire, mais il veut que je sois plus que ça. Le harcèlement sexuel n’est pas nouveau pour moi. Je l’ai déjà vécu plus jeune au lycée et à l’université et j’ai toujours été plus maligne. Mes harceleurs n’étaient pas constamment avec moi et ne disposaient en aucun cas de mes contacts utiles et le silence n’était pas une option. Seulement là c’est mon boss l’élément perturbateur et j’avoue qu’il me fait de plus en plus peur. Tout a commencé par des blagues douteuses et des allusions sur ma vie sexuelle et mon orientation comme « tu es sûre que t’aime le p*nis ? Tu ne serais pas lesbienne par hasard ? …je ne t’ai jamais vu avec un homme » à ce moment-là, j’ai cru bon de dévoiler des informations personnelles comme le fait que je suis à peine majeure (21 ans), que je ne suis pas active sexuellement et qu’être dans une relation n’est pas ma priorité.  J’avais l’habitude de poster des extraits de films romantique et des questionnaires sur mes statut WhatsApp. C’est d’ailleurs à travers cela qu’il m’avait confié qu’il aimerait coucher avec moi et m’a demandé si ce type de contenu pouvait m’exciter. Au boulot il était réglo mais au téléphone il me faisait clairement comprendre ses intentions. Il a essayé à plusieurs reprises de m’inviter en dehors du travail mais je sortais toujours comme excuse que j’étais occupée. Je pensais qu’il n’essayera jamais rien en face… je me souviens du premier contact physique, il m’avait convoqué dans la salle de réunion à cause d’une dispute entre moi et un collègue, il avait cherché à savoir pourquoi notre collaboration n’était pas bonne et avais émis l’hypothèse que ce dernier me faisait des avances.  Il en a profité pour me tenir la main. Mal à l’aise, je l’avais retiré doucement, il m’a ensuite caressé les jambes et m’a dit « j’aime tes pieds, ils sont beaux, si je pouvais, je te les arracherais pour les contempler tous les jours ». Ma journée touchant à sa fin, alors que je lui signalais mon départ, il s’était mis entre moi et la porte pour que je ne puisse pas quitter le bâtiment. Il m’avait demandé pourquoi je voulais rentrer, m’a prise de force par la taille et a essayé de me rapprocher vers ses lèvres pour m’embrasser. J’avais envie de pleurer, de crier à l’aide mais j’ai tout fait pour garder mon calme et lui ai demandé de me laisser partir chose qu’il a faite juste parce qu’un collègue approchait. Il m’avait serré les hanches et le poignet si fort que ça m’avait laissé des traces. Après cette expérience, il profitait de chaque moment d’inattention pour me toucher les fesses, les cuisses ou les seins. J’ai pensé à démissionner mais je ne peux pas me permettre d’être au chômage. En parler ? J’ai essayé en attribuant l’histoire à une connaissance et on m’a juste dit que cette situation est commune dans toutes les entreprises. Aujourd’hui, bien qu’il n’ait rien tenté depuis des mois, je reste en état d’alerte, je ne baisse pas la garde, me couvre entièrement le corps et ne porte désormais que des vêtements qui ne dévoilent aucune forme. Mon seul espoir est un projet indépendant que j’ai lancé pour ne plus être au service de qui que ce soit.


Partager cet Article



Commentaires

Du même auteur

DROITS DES FEMMES : VIOLENCE A L’EGARD DES FEMMES, OU EN EST-ON ?

DROITS DES FEMMES : VIOLENCE A L’EGARD DES FEMMES, OU EN EST-ON ?


Sur internet, dans la rue, à l’école, dans les lieux de services, les femmes sont constamment exposées aux abus. Qu’ils soient sexuels, physiques ou psychologiques, ceux-ci violent en tout point les libertés et droits de ces dernières. Selon une étude menée en 2020, 44% de femmes sont victimes de violences dans le conti…


Lire la suite
WOUTEN ET LA CASE SACREE, UN ROMAN QUI PRESENTE UNE AFRIQUE AVANT LA COLONISATION

WOUTEN ET LA CASE SACREE, UN ROMAN QUI PRESENTE UNE AFRIQUE AVANT LA COLONISATION


Fruit de la collaboration entre la Styliste Anne Carine TCHOUSSIK et l’Ingénieur de génie rural ONANA NGOA, l’ouvrage retrace l’itinéraire de Wouten, Reine Fondatrice des peuples Grassfields. Au travers de cette œuvre, les auteurs convoquent les regards de la jeunesse à découvrir une autre facette de l’…


Lire la suite
Votre publicité ici

Tags

Dernières publications

Votre publicité ici



Copyright © 2024 Ckoment.com. All rights reserved.